Adapter la hauteur de tonte pour économiser l'eau

L'eau est un bien précieux qui se fait de plus en plus rare, même en Suisse. Une utilisation économe et durable de cette ressource est une priorité absolue sur les terrains de golf. Or l’eau est indispensable au gazon de golf: «Pour assurer une bonne croissance, le gazon a besoin de 50% de terre, de 25% d'air et de 25% d'eau», explique Kevin Ravier. Trop d'eau asphyxie la plante par les racines; et si celle-ci n'en a pas assez, elle meurt de soif.

Le travail manuel pour économiser l’eau

Les sols des fairways du Domaine du Brésil, un parcours de type Parkland, sont limono-argileux et demandent beaucoup d'attention lors de l'arrosage. Par temps sec, le terrain devient dur, alors que par temps humide, il est plutôt mou et collant. «Pour ne pas endommager les surfaces de jeu, nous devons utiliser des machines plus petites, voire tondre à la main», explique Kevin Ravier. A l'aide de cordes, son équipe modifie le cheminement des golfeurs autour des endroits humides. «C'est devenu une pratique courante chez nous, et ça marche bien», ajoute-t-il.

Le Domaine du Brésil ne dispose (malheureusement) pas d’un système d'irrigation sophistiqué de dernière génération, remarque Kevin Ravier. C'est pourquoi, on y mise sur un minimum d'arrosage automatique. «Pour utiliser l'eau de manière ciblée et efficace, nous irriguons à la main. Nous utilisons des tuyaux et des buses réglables et apportons l'eau en petites quantités là où c’est nécessaire, même plusieurs fois par jour s’il le faut», précise le head greenkeeper. Dans les endroits très secs, on ajoute encore des agents mouillants (tensioactifs) en tablette ou en liquide, qui favorisent l'absorption de l'humidité dans le sol. Ceci permet de réduire le temps d'arrosage et d'économiser l'eau. 

«L’eau est comptée chez nous», répète Kevin Ravier. Si nécessaire, il décide en étroite collaboration avec le comité du club - qui s’investit beaucoup dans la démarche de la durabilité et notamment dans l’utilisation intelligente de l'eau - de ne pas arroser temporairement certains fairways. «Nous pouvons ainsi réduire jusqu’à 60% de notre consommation d'eau», explique le head greenkeeper.

Varier les hauteurs de coupe et réensemencer

Il est également possible d'économiser de l'eau en adaptant les hauteurs de coupe. Surtout en période de fortes chaleurs, lorsque l'herbe ne pousse pas ou pousse plus lentement. Cela évite le stress des plantes et réduit leur consommation d'eau. «Avoir une bonne densité de gazon et augmenter la hauteur de tonte permet de créer de l'ombre. Pendant la chaleur estivale, un feuillage de gazon plus long protégera le sol contre les rayons du soleil et donc le dessèchement», explique encore Kevin Ravier. Il veille également à ce qu'il n'y ait pas de zones sans gazon sur le terrain, afin que le sol ne se réchauffe pas. Pour le regarnissage et le sursemis, il privilégie les herbes à gazon qui sont résistantes aux maladies et ont besoin de moins d’eau.

Kevin Ravier veut également faire un essai avec des pigments pour économiser l’eau. Ces pigments seront répandus cet été sur un ou deux fairways du Domaine du Brésil, afin de protéger le gazon du soleil. On peut comparer cela à une crème solaire avec un facteur de protection, qui préserve la peau des dommages causés par le soleil.

Kevin Ravier lance un appel aux golfeurs pour qu'ils soutiennent un greenkeeping durable. «En période difficile, surtout en cas de grosse chaleur estivale, il faut accepter des hauteurs de gazon plus élevées. Le parcours reste praticable et, dans le même temps, la consommation d'eau peut être réduite.» Si le gazon passe du vert juteux au jaune pendant une vague de chaleur, il n'est pas mort pour autant. «La couleur verte est due à la photosynthèse. Or, celle-ci consomme beaucoup d'énergie. Pour survivre, les plantes interrompent alors la photosynthèse et deviennent jaunes.»

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